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Sur les cartes, la frontière devait passer au milieu des lignes de chemin de fer. Mais dans la réalité, la Russie s'est approprié l'ensemble du réseau ferré, et la vraie frontière, elle, se trouve quelques mètres plus loin, au milieu d'un chemin dont la toponymie soviétique, conservée aujourd'hui, était prémonitoire  : la rue de l'Amitié entre les peuples.

 

Puisque la frontière passe au milieu de la rue, le trottoir occidental est ukrainien, et le côté oriental, russe. La frontière se permet même quelques bizarreries supplémentaires  : elle divise ainsi le salon de coiffure, les hommes se trouvant côté russe et les femmes, côté ukrainien. 

 

De nombreuses équipes de gardes-frontières patrouillent la rue, qu'il est officiellement interdit de franchir – il s'agirait alors d'une entrée illégale dans le pays voisin. Mais les voisins, eux, justement, s'en moquent. Parlez-en à ces grands-mères qui tapent le carton tous les soirs d'été, dans la cour de l'une d'elles qui habite côté russe. La frontière  ? Si elles voient passer un contrebandier en douce à la nuit tombante, peu de chances pour qu'elle le dénonce aux officiels  !

 

Reste qu'une frontière, c'est encombrant. Le curé de Melovoe, côté ukrainien, ne décolère pas contre les autorités politiques des deux pays. Pour ce patriote grand-russien, c'est le «  peuple  » orthodoxe que l'on divise ainsi avec une frontière qui n'a pas lieu d'être.

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La rue de l'amitié

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Une frontière, ce n'est pas nécessairement un cul-de-sac. On peut la contourner, en détourner son usage, en tirer profit ou tenter de l'ignorer... Certes, la frontière marque les esprits et impose des habitudes  : Tchertkovo règle sa montre à l'heure de Moscou, soit deux heures de plus en hiver (et une heure de plus l'été) que de l'autre côté du bourg  !

 

Mais les habitants ont quand même réussi à limiter les inconvénients de celle-ci, à faire le plein d'essence côté russe (c'est moins cher) et le plein de saucissons côté ukrainien (ils sont franchement meilleurs). Et nombreux sont les écoliers vivant du côté ukrainien qui préfèrent fréquenter le lycée côté russe, puisque l'enseignement y est réputé meilleur et, pour les familles russophones, il permet d'éviter les cours en ukrainien dispensés de l'autre côté. 

 

Les mariages entre binationaux, les familles mixtes, les travailleurs transfrontaliers... Toutes les raisons sont bonnes pour franchir le «  kordon  ». Mais tout n'est pas si rose. Car dans une région déjà exsangue économiquement, la frontière joue les trouble-fête. Les rares usines du coin sont aujourd'hui coupées en deux par la frontière, et quasiment toutes sont abandonnées...

 

Ironie de l'histoire, ce chemin de fer qui divise la ville et la région est fréquenté par des dizaines de trains quotidiens qui relient Moscou et les grandes villes du Sud russe. Cet hiver, des milliers de visiteurs en route vers les Jeux olympiques de Sotchi vont traverser ce bourg sans savoir qu'ils voyagent sur une frontière... 

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Le lycée de la frontière

les passages

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C'est une ville qui faisait partie de la Russie, tandis que la campagne, à l'Ouest, marquait le début de l'Ukraine. Mais à l'époque soviétique, faute de fleuve ou d'obstacle physique pour marquer la frontière administrative entre les deux républiques – Russie et Ukraine – on a eu la bonne idée d'utiliser le chemin de fer. A l'est, ce sera la Russie, et à l'ouest, l'Ukraine. Or, il se trouve que ce chemin de fer passe au beau milieu de la ville  ! 

 

Depuis vingt ans, les habitants doivent donc apprendre à vivre avec une frontière qui sépare la ville en deux  : Tchertkovo la Russe et Melovoe l'Ukrainienne. Un petit pont piéton permet de franchir le chemin de fer, des gardes-frontières contrôlent les passages, et un peu plus loin, un poste-frontière pour voitures permet aux habitants des «  deux  » villes – mais seulement eux – de franchir la ligne fatidique. Ce qui n'empêche pas les riverains de traverser allègrement et n'importe comment la frontière, de façon légale... ou pas  !

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